Paysages réels, paysages imaginaires

  Comment donner l'illusion de la profondeur  sur un support à deux dimensions uniquement en utilisant du noir et du blanc ? 

Maurits Cornelis EscherAutoportrait au miroir sphérique (détail), estampe, 1935


LE MONDE EN GRIS


De hautes montagnes blanches, de nombreux sapins noirs, de petites maisons blanches, des prairies vertes avec des vaches noires et blanches peuplés ce spectaculaire paysage. 


Mettez en image ce court texte. Utilisez votre crayon à papier, une estompe et une gomme. 

Soyez attentifs aux effets de contrastes dans votre composition et utilisez-les judicieusement : haut-bas, petit-grand, clair-obscur, proche-lointain... 


VOCABULAIRE :  

Perspective - plan - ligne/surface - volume - profondeur - hachure -  texture -   fond/forme - flou/net - ombre/lumière

Contraste : forte opposition. Opposition de deux choses dont l'une fait ressortir l'autre.

Composition : organisation, manière de placer des éléments plastiques (lignes, couleurs, formes, matières) dans une image, sur une surface délimitée. Elle est importante pour la signification de l’ensemble de l’image.

Le clair-obscur est une technique utilisée en peinture, gravure sur bois et dessin. Elle consiste à créer des contrastes forts entre zones claires et sombres toutes proches. Elle est souvent utilisée pour augmenter l'effet de volume ou donner un effet dramatique. 

Dégradé : Passage d’une couleur à une autre, ou d’une valeur à une autre avec une transition où les deux se confondent.

Nuances : l'ensemble d’une gamme d’une même couleur contient différentes nuances. Celles-ci vont par exemple de la plus claire à la plus foncée.

Valeur : Terme qui désigne le degré de luminosité d’une couleur ou d’un gris. On parle de valeur claire, de valeur sombre. Pour comparer les valeurs de couleurs différentes, il est possible d’imaginer ou de vérifier par l’expérience en quel gris ces couleurs se transformeraient dans une image en noir et blanc.

La perspective atmosphérique est une technique qui consiste à créer l'illusion de la profondeur par l'utilisation de dégradés de tons ou de couleurs qui s'estompent avec la distance. Elle joue sur les effets de contraste entre les plans du tableau. 

REFERENCES ARTISTIQUES :

Per Adolfsen, croquis issu d'une collection personnelle, 
entre 2018 et 2020, crayon, Instagram

Edward STEICHENPortrait de Rodin, 1900-1903, 
photogravure dans Camera Work


Caspar David Friedrich, Matin dans les montagnes, 1822-23, 
huile sur toile, 135 x 170 cm 

Ansel ADAMS, Winter Sunrise, Sierra Nevada, from Lone Pine, 1944, photographie (en bandeau)



DEUXIEME PARTIE : 
Origine : 
Le mot italien «paesaggio» apparaît à propos de la peinture pendant la Renaissance. Il désigne ce que l’on voit du pays, ce que l’œil embrase d’un seul coup d’œil, le champ du regard.

Définitions :  

Ensemble des traits, des caractéristiques et des formes d’un pays, perçus par un observateur (perception). 

Le Petit Robert définit le paysage comme la « partie d’un pays que la nature présente à un observateur », soit à l’œil qui le regarde.

« Le paysage est l’expression observable par les sens (la vue, l’odorat, l’ouïe), à la surface de la terre, de la combinaison entre la nature, les techniques et la culture des hommes. Il est essentiellement changeant et ne peut être appréhendé que dans sa dynamique, c’est à dire l’histoire qui lui restitue sa 4ème dimension ». Jean-Robert Pitte (Géographe à Paris IV, La Sorbonne)


Comment la couleur et le geste peuvent -ils influencer la représentation ? 

livrez la couleur

Sur une nouvelle feuille, redessinez rapidement votre paysage en respectant les différents éléments qui le composent.

Vous réalisez un deuxième paysage dans lequel vous chercherez, par l’utilisation de la couleur, à représenter l'état d’âme de celui qui le contemple.   

Technique au choix : pastels, gouaches, aquarelles, encres colorées, feutres ou crayons de couleur. 

Sentiments et états d'âme : 
Mélange subtil d’émotions et de pensées, nos états d’âme sont le cœur battant de notre lien au monde, ils accompagnent chaque moment de notre vie :  

joie - enthousiasme - tristesse - colère - peur - angoisse - amour - agressivité - douceur - gaieté - froideur - tourment -  bonheur - mélancolie - paix - quiétude - souffrance - douleur - allégresse


VOCABULAIRE :
amplitude ou retenue du geste, geste rapide, lent, maitrisé ou imprévisibilité, traces, empreintes, texture, empâtement, facture, griffure, coulure, trainées, projection, dripping, réserve, étendu, aplat, glacis, abstraction/figuration. 

Le geste : mouvement du corps, des bras ou des mains:  ample, rapide, saccadé, violent, minutieux, le geste de l’artiste induit un sentiment, une émotion, un caractère…

La touche: est la manière dont l'artiste pose son pinceau sur la toile. Selon la forme et l'épaisseur de la touche, la texture (l'aspect de la peinture) sera différente et le caractère de la peinture plus ou moins précieux, subtil, dynamique...

Vocabulaire de la peinture : 
APLAT : large surface colorée unie, uniforme (par opposition à nuance, dégradé)

Camaïeu : oeuvre dont la palette est composée de différents tons d'une même couleur (une peinture en camaïeu de bleu). Le camaïeu de gris est appelé grisaille.

Facture : résultat global peint, déterminé d’une part par la peinture elle-même (pigment, liant, diluant mais aussi transparence -glacis-, opacité ou touche et empâtement), l’outil utilisé (brosse, pinceau…, le geste accompli (précis, large, rapide) et la texture du support

Frottistouche de peinture frottée avec une brosse sur une couche sèche, donnant ainsi des effets de voile différents de ceux des glacis.

Glacis : couche de peinture diluée, assez fine pour être transparente et laissant ainsi apparaître la couche sous-jacente, créant un mélange optique. Un glacis sert généralement à renforcer une valeur tonale ou à modifier une couleur. Il s’applique sur un fond parfaitement sec.

Lavis : peinture fortement diluée avec de l’eau et appliquée sur un support absorbant.

Tonalité : les tonalités claires (ou hautes) sont lumineuses et bien saturées alors que les tonalités sombres (ou basses) sont peu lumineuses et plus ternes.

REFERENCES ARTISTIQUES :
L'école de Barbizon :
Jean-Baptiste Camille Corot, Forêt de Fontainebleau, 1846, 
huile sur toile, musée des beaux arts Boston

Théodore RousseauLa cabane du charbon de bois dans la forêt de Fontainebleau
1855, huile sur toile, 34,2 cm x 42,1cm, Carmen Thyssen Collection

Le Fauvisme : 
André Derain, Le pont de Charing Cross, 1906, huile sur toile, 81 x 100 cm

André Derain, Arbres à Collioure, 1905, huile sur toile, 65 x 81 cm

Le fauvisme est un mouvement exclusivement français. Organisé autour d'Henri Matisse et André Derain à partir de l'été 1905, le Fauvisme se développe jusqu'en 1910.

Ce mouvement artistique est un véritable hymne à la couleurLe dessin est simplifié et la couleur utilisée de manière libre. Elle ne correspond pas forcément à la réalité. La touche du pinceau est vive et marquée. La palette chromatique (les couleurs) est éclatante. Les couleurs sont posées par taches ou en aplats. On parle alors de couleurs pures. Il s’agit d’une couleur poussée à son maximum d’intensité. Les couleurs contrastent fortement les unes par rapport aux autres. Il n’y a pas de nuance, ni de recherche de dégradés.

Georges Braque, L'Estaque, 1906, huile sur toile, New Orleans Museum of Art, USA


Autres artistes : 
Wassily Kandinsky, Murnau, Paysage à la maison verte, 1909, collection particulière


Nicolas de Staël, Sicile (Vue d'Agrégeante), 1954

Au cours de l’été 1953, Nicolas de Staël prend la route de l’Italie avec sa famille. Agrigente est le point culminant du voyage où naît une série de tableaux, dont Sicile, marquée par le triomphe de la construction de l’espace par la couleur
Dans ce paysage synthétique, les couleurs posées en aplat sont éclatantes, la plaine est comme brûlée par le soleil aveuglant de Sicile. De grandes plages jaunes et orangées convergent vers un point de fuite unique. De Staël détourne là un procédé ancien, celui de la perspective monofocale. Le ciel vert marqué par les éraflures au couteau s’oppose au jaune citron et au bleu profond de la mer :  « l’extrême simplification des signes » (Pierre Gaudibert) de cette toile où la peinture, étendue en minces couches raffinées, contraste avec celle des œuvres antérieures, plus matiéristes.


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